rencontre

Pauline Lacot,
Cueilleuse de
feuillets d'âme

À Niherne, Pauline Lacot s’est lancée depuis peu dans la rédaction de biographies et puise dans ses fragilités le terreau nécessaire à la construction des récits de vie qu’elle écrit.

Considérée comme hyperémotive depuis son enfance, Pauline Lacot, née à Châteauroux il y a 35 ans, a choisi de tirer tous les avantages de sa fragilité. Si, aujourd’hui, une place plus large est faite pour accueillir la sensibilité des enfants, ce n’était pas vraiment le cas lorsqu’elle était petite. Inquiets pour son avenir, ses parents lui conseillaient d’ailleurs de s’endurcir. « Je n’avais pas du tout confiance en moi, tout m’écorchait. […] La structure scolaire ne me correspondait pas », se souvient Pauline qui est ensuite parvenue à surmonter sa timidité grâce au football et au judo, des sports qui lui ont permis de se faire une place parmi les autres.

De bibliothécaire à biographe

À la fin de l’adolescence, elle découvre une vraie alliée dans la lecture et l’écriture ; elle rédige alors des premiers poèmes sombres et mélancoliques. Elle obtient plus tard à Tours une licence de lettres et devient peu après bibliothécaire jeunesse à la Bibliothèque départementale de l’Indre. 

Mais le bonheur n’est pas au rendez-vous malgré la sécurité financière et professionnelle apportée par la fonction publique. Pauline étouffe dans ce carcan et ressent « le besoin impérieux de trouver sa voie et de retrouver goût à la vie », notamment après une maladie thyroïdienne. Après sept ans de carrière, Pauline Lacot quitte son emploi. 

En 2019, la jeune femme endosse le costume de libraire jeunesse chez Rêv’en pages à Limoges durant quelques semaines puis entame une formation de biographe à distance.

La transmission au centre du projet

La question de la transmission est cardinale chez Pauline. Ce souci du témoignage puise ses premières racines durant ses études et l’élaboration de son mémoire qui porte sur les récits autobiographiques de Simone de Beauvoir. La jeune fille cherche alors où se situe la vérité dans nos vies, et se demande dans quelle mesure la vision des autres sur nous-même influence la construction de nos souvenirs et de notre identité. Puis, en 2015, les recherches se poursuivent ; à l’approche de la mort, sa grand-mère maternelle, alors âgée de 90 ans, se confie à Pauline et évoque des souvenirs inédits. « Elle m’a laissé ça, on sentait qu’elle avait des choses à donner », estime la jeune biographe.

Pour faire ses gammes, celle-ci s’est ensuite lancée dans la réalisation de « biographies de confinement » en 2020. Pendant un mois, quinze personnes, proches d’elle ou non, devaient lui décrire la façon dont elles vivaient ces mesures restrictives et comment elles s’y adaptaient. Après chaque conversation en visioconférence, Pauline rédigeait une page retranscrivant les sentiments et sensations évoqués. Cet exercice très formateur lui a permis de conforter son nouveau choix de vie et de prendre confiance en elle.

 

Naissance des Feuillets d'âme

Ses fragilités permettent à Pauline de recueillir des confidences de tous bords. À ce titre, elle précise encore : « Je ne juge aucun parcours, c’est sans doute pour ça que les gens se confient facilement. L’idée, c’est qu’ils se découvrent bien à travers l’écriture de leurs souvenirs, de leur intimité, même si parfois, cela peut raviver des traumatismes anciens. Chaque récit est personnalisé et adapté à la vie de mes clients, je n’utilise pas systématiquement le même plan ».

Depuis janvier 2022, Pauline Lacot a lancé sa société baptisée Feuillets d’âme. Ses proches, et notamment ses parents, la suivent dans l’aboutissement de ce rêve de petite fille. Elle a déjà rédigé deux biographies et une troisième est en train de voir le jour.

La jeune femme réalise les entretiens à distance pour les clients éloignés, et prend le temps de les rencontrer s’ils sont plus proches d’elle. Formée en parallèle à l’art-thérapie et à la psycho-généalogie, la biographe utilise tout ce qu’elle apprend pour alimenter la construction de ses récits. Son écriture se nourrit également de l’ambiance qui règne dans les bars et cafés du Berry, un cadre dans lequel elle travaille régulièrement.

Des missions à foison

Pauline Lacot ne s’arrête pas à la rédaction de récits de vie. Amoureuse de sa région natale, celle-ci la parcourt en long et en large et en photographie les plus beaux recoins pour faire découvrir aux autres cette partie de la France méconnue et peu mise en valeur. Enfin, convaincue que les arts doivent se rejoindre, elle écrit pour des spectacles musicaux qui sont joués dans le département, comme La Manola, une création qui s’appuie aussi sur le travail de la soprano Nayeli Desbrosses et de la pianiste Brigitte Coissard. Mais plus que tout autre projet, c’est d’envisager la création d’un café citoyen dans l’Indre qui fait vibrer la jeune femme. Donner la parole aux autres, la recueillir, tisser du lien et ranimer la vie sociale… tout laisse à penser que Pauline Lacot construira encore de nombreux ponts entre les gens et les mots. 


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