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david françois,
l'infatigable révolté

Originaire de Lyon, David François a quitté la région Rhône-Alpes en 1993 pour s’établir dans le Berry. Depuis, l’ancien prof devenu hébergeur touristique au Pêchereau, dans l’Indre, n’a cessé de s’impliquer dans la vie politique locale.

S’il est un bavard qui cause sans filtre, c’est bien David François qui collectionne les initiatives citoyennes et les projets. Originaire de Lyon, cet ancien professeur de technologie a tout juste trente ans lorsqu’il atterrit dans le Berry. Après avoir vécu quelques années à Cuzion, David François a choisi le Pêchereau pour s’installer avec sa femme et ses quatre enfants. Il se passionne alors très vite pour sa commune et des sujets délicats délaissés par ses concitoyens. Sa première révolte vise la présence d’amiante dans l’école maternelle du Pêchereau qui accueillait alors 22 enfants. Scandalisé par l’inertie de la commune, il emploie les grands moyens et alerte la préfecture et la presse pour ébruiter l’affaire. Les enfants seront finalement transférés plus tard dans un autre bâtiment.

« Il faut arrêter de parler et agir... »

Autre sujet qui fait grincer des dents l’ancien enseignant : le manque d’investissement de la Communauté des Communes d’Éguzon-Argenton-Vallée de la Creuse pour rendre la région attractive. David François déplore notamment « une absence de stratégie. Ils sont très attentistes, il n’y a pas de volonté de démarcher les entreprises, les touristes. Mais attention, nous n’avons pas besoin d’entreprises polluantes ! Il faut arrêter de parler et agir, que la CDC prenne la préoccupation du tourisme à bras-le-corps en animant le réseau, en organisant plus de réunions, en invitant les acteurs du tourisme.» Inquiet de l’emploi des recettes de la taxe de séjour prélevée auprès des vacanciers qu’il reçoit (0,65 € par nuitée au gîte, 0,40 € par nuitée dans une chambre, le tout par personne) et reversée à la CDC, David François a également écrit à la structure afin d’en savoir plus.

En ce qui concerne l’attractivité du territoire, il s’est étonné de la lenteur de l’arrivée de la fibre dans sa contrée. Pour cet éternel révolté, un meilleur débit attirerait davantage de citadins prêts à télétravailler au vert.

Au programme des affaires qui l’ont fâché se trouve aussi le stand de tir de l’Arquebuse, au Pêchereau. Les gendarmes du secteur s’y entraînaient régulièrement, et l’ancien enseignant, épaulé par d’autres riverains, avait lancé pétitions et appels à la presse pour venir à bout de qu’il considérait être une nuisance. En effet, une voie verte se trouve à quelques centaines de mètres de là. Le groupe de mécontents a eu partiellement gain de cause; en semaine, les gendarmes doivent désormais s’entraîner à Châteauroux depuis peu. 

Des jardins partagés à Argenton-sur-Creuse

Soucieux du respect de l’environnement et préoccupé par la hausse constante du prix des fruits et légumes, l’ancien enseignant est désormais à la tête des Jardins et verger partagés de la Grenouille, un lieu de 400 m² situé à Argenton-sur-Creuse. Il a repris ce projet au moment où celui-ci menaçait de disparaître, faute de volontaires. L’association a depuis reçu une subvention de 600 € de la mairie d’Argenton-sur-Creuse et 8 000 € dans le cadre du plan France Relance. Les financements vont notamment permettre d’acquérir une pompe et de rénover le chalet présent sur le terrain. La mairie met également à la disposition de la structure associative ses moyens de communication (site, bulletins municipaux, flyers, panneaux d’affichage) et offre du broyat et du compost pour nourrir les cultures. Les enfants de l’école municipale et du collège participent à la plantation d’arbres et à la préparation des semis. Des ateliers et balades botaniques sont aussi proposées régulièrement par l’association qui recherche de nouveaux adhérents et surtout, des volontaires pour apporter leur savoir et leur énergie. David François souhaiterait aller plus loin, comme toujours : « Il y a des tas de terrains nus au Pêchereau, en bord de Creuse. La terre est bonne. Il faut faciliter l’installation de maraîchers ! Il y a toujours un tas de raisons pour ne rien faire… Cela permettrait la création d’emplois et la récolte de produits sains pour des gens qui se privent de plus en plus de légumes, faute de moyens. Mais il faut que les habitants le demandent à la mairie. » Il a également son idée quant au jardinage délaissé par une population vieillissante : « Les massifs en hauteur peuvent être une solution… »

Un changement de vie professionnelle

Côté travail, David François a quitté l’enseignement il y a quelques années. Las du « train-train, des réunions tardives, de la route, des exigences et de l’impression de tourner en rond ». Celui qui se décrit comme « quelqu’un de projet » et qui a l’esprit d’entreprise transforme alors une bâtisse de sa propriété du Pêchereau en écogîte. L’atmosphère y est chaleureuse, le confort omniprésent. Toute l’année, des pèlerins, professionnels, nouveaux arrivants en transition et touristes viennent s’y reposer. Il loue également deux chambres situées dans sa demeure que ses enfants, désormais grands, n’occupent plus. Son jardin lui permet de cultiver des légumes et des fruits qu’il sert aux convives reçus. Par ailleurs, David François s’était associé avec d’autres hébergeurs, des éleveurs, maraîchers, cuisiniers et artisans dans le projet Echappées vertes en Berry porté par l’ADAR CIVAM (association favorisant le développement agricole et rural du Boischaut Sud) et Accueil Paysan (association composée d’agriculteurs et d’acteurs ruraux, engagés en faveur d’une agriculture paysanne et d’un tourisme durable, équitable et solidaire). Le projet a malheureusement été abandonné à cause de la crise sanitaire mais devrait être relancé. L’initiative proposait quatre séjours nature aux touristes venus visiter le Boischaut Sud de l’Indre. David François pratique aussi le woofing, un service gagnant-gagnant qui lui permet d’être aidé dans ses travaux divers en échange du gîte et du couvert durant de courts séjours.

Un lieu de rencontre pour repolitiser ses concitoyens

Pour associer son besoin d’agir à son hospitalité, David François avait organisé chez lui une discussion avec des habitants du coin, en plein grand débat national (initié par Emmanuel Macron au moment de la crise des Gilets jaunes). L’hébergeur insiste : « il faut des contre-pouvoirs. Je dis toujours aux gens que s’ils ne s’occupent pas de la politique, les politiques s’occuperont d’eux et prendront les décisions à leur place. Ils doivent débattre, s’intéresser à la vie locale. » L’ancien prof anime désormais un groupe sur Facebook pour commenter la vie du Pêchereau et ses alentours. Il y relaie des articles de la presse régionale et son point de vue sur les décisions des élus. Nul besoin de partager chacun de ses mécontentements pour saluer son investissement dans la vie politique locale…


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