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LE GARAGE ITINérant de julien thuault
Originaire de Saint-Amand-Montrond, dans le Cher, Julien Thuault est revenu dans sa région natale après avoir vécu vingt-quatre ans à Avignon. Las de l’opacité qui règne au sein des garages de la région, il a lancé son atelier ambulant en février 2022.
Au cœur des forêts dorées de la Brenne se dresse le château d’eau de Vendœuvres et ses décorations un peu désuètes. C’est dans ce village que demeure Julien Thuault, mécanicien tombé dans la marmite du cambouis lorsqu’il avait 15 ans. Désormais trentenaire, celui qui a « toujours eu l’intention de se mettre à son compte » a claqué la porte du salariat il y a quelques mois pour devenir son propre patron. Ce jeune père de famille a décidé de bénéficier complètement de sa force de travail plutôt que d’en faire profiter des patrons parfois peu scrupuleux. Car c’est la malhonnêteté de ceux qu’il surnomme les « charagistes » (contraction de garagistes et charlatans) qui l’a marqué lors de ses dernières expériences professionnelles.
La rentabilité au détrimentde la qualité
Julien se souvient notamment de la vente forcée, auprès de clients, de certaines pièces qui ne nécessitaient pas d’être remplacées. Pire, il évoque la facturation de pièces qui n’avaient finalement pas été changées. Par paresse ou appât du gain, les accessoires parfois commandés par erreur n’étaient pas renvoyés aux fournisseurs et ne bénéficiaient pas aux clients. Il se rappelle aussi la déloyauté d’un supérieur, lui faisant miroiter une augmentation de salaire après le suivi d’une formation pour finalement revenir sur sa promesse, une fois ladite formation terminée. Il garde un goût amer des pointeuses des concessions, chronométrant le moindre de ses gestes et permettant de calculer son taux de rentabilité pour l’entreprise. Julien Thuault, minutieux et désireux d’accomplir un travail de qualité, revendique sans rougir ses piètres résultats au sein du garage Ford de Châteauroux. « Comme je n’avais pas été assez formé pour me familiariser avec la marque, je passais beaucoup de temps à chercher des solutions dans des ressources de diagnostics. C’est un système plus que vicieux, qui place la rentabilité au-dessus de tout et pousse à bâcler le travail », s’indigne-t-il. Ces méthodes employées au sein de la concession castelroussine l’ont définitivement écarté du salariat.
« Ça me mettait hors de moi »
Durant les vingt-quatre premières années de sa vie passées à Avignon, ce Berrichon originaire de Saint-Amand-Montrond revenait dans sa région natale pour y passer ses vacances. Déjà, il remarquait les abus et les entourloupes des garagistes du coin qui réparaient les véhicules de son entourage. À ses yeux, le manque de concurrence entre ces professionnels est propice à la prolifération de comportements malhonnêtes. Cette spécificité berrichonne l’a toujours « mis hors de [lui] ». Plus loin, il ajoute encore : « Les gens ont ensuite tendance à mettre tout le monde dans le même panier ». Ce déçu du salariat avait alors toutes les raisons d’être séduit par le concept d’atelier itinérant de Relax Auto, une entreprise créée en 2009 par Ludovic Jumelle et Guillaume Kustner. Le jeune homme se retrouve dans les valeurs de cette société qui mise sur la transparence, la qualité du service et le respect du client, bien consciente de la réputation peu glorieuse qui colle à la peau des garagistes. Désormais, il répare et entretient les véhicules au domicile de leurs propriétaires et est le seul franchisé de l’enseigne présent dans le département de l’Indre à proposer ce service.
Un système transparent
Et si de nombreux mécaniciens trouvent désagréable de travailler à proximité de clients surveillant leurs faits et gestes avec inquiétude, Julien Thuault y voit une plus-value : « Avant, il y avait beaucoup d’opacité. Je ne voyais jamais les clients, j’étais juste là pour travailler. Mais si on nous appelle [pour intervenir sur un véhicule], c’est parce que la personne n’est pas pro, sinon elle se débrouillerait. À nous d’être dans la pédagogie avec le client. Généralement, il nous offre le café et finit par vaquer à ses occupations ». À bord de son camion Ford flambant neuf, floqué aux couleurs de la société Relax Auto, Julien Thuault énumère sans se lasser l’outillage rutilant et ouvre avec fierté la multitude de tiroirs et petits rangements. L’espace a été entièrement optimisé pour profiter du moindre interstice et y loger outils et quincaillerie, ou encore le matériel nécessaire à l’édition des factures ainsi qu’à l’encaissement des paiements. L’atelier ambulant lui permet d’effectuer la plupart des interventions courantes telles que la vidange, le changement des pneus avec équilibrage, le remplacement des amortisseurs et de la distribution, les diagnostics. Les clients reçoivent, par le biais du centre d’appel de Relax Auto, un devis avant toute intervention. L’immatriculation fournie au secrétariat situé à Buchelay, dans les Yvelines, et qui donne accès à la motorisation du véhicule et l’année de sa mise en circulation, permet d’avoir un coup d’avance et d’écarter les mauvaises surprises au moment du paiement. Les frais de déplacement, gratuits si l’intervention se déroule dans un périmètre de 15 kilomètres autour du domicile du garagiste, sont également annoncés avec clarté. Enfin, si plusieurs interventions ont lieu le même jour à un même endroit, le coût du déplacement sera divisé d’autant pour les clients.
Pour rejoindre les rangs de Relax Auto, Julien Thuault a dû débourser 84 000 € (24 000 € pour la formation et la franchise de la société auxquels s’ajoutent les 60 000 € qu’a coûté le camion). Le jeune mécanicien peut espérer un chiffre d’affaires de 80 000 € la première année, et de 120 000 € pour les années suivantes. Le contrat de concession qui le lie à Relax Auto est signé pour cinq ans. Néanmoins, Julien Thuault, qui a misé sur cette solution pour prendre ses marques avec l’entrepreneuriat et faire ses preuves, ne renonce pas au rêve de monter son propre garage, en dur cette fois, dans la zone d’activités de Vendœuvres. ■
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