rencontre

Stéphanie bidaud,
du doute à la lumière

Enfant du pays berrichon, Stéphanie Bidaud a grandi, travaillé et vécu dans un rayon de dix kilomètres au sud de l’Indre. Pour autant, cette stabilité géographique ne l’a pas empêchée de bouleverser sa vie professionnelle tout récemment.

Comme beaucoup d’anciens salariés devenus entrepreneurs, Stéphanie Bidaud éprouve un étrange paradoxe : ne plus « compter ses heures » tout en ayant le sentiment de ne pas travailler. Secrétaire de mairie à Cuzion durant les onze années qui ont précédé son changement de cap, c’est peu dire que son quotidien d’artisan-vitrailliste la change désormais.

Logo guillemets e1643221283405

Une vie rangée

D’un naturel réservé et peu sûre d’elle, elle avait choisi une vie professionnelle discrète. D’abord ATSEM puis adjoint administratif, Stéphanie Bidaud a organisé son avancée dans la vie active en fonction d’un profond manque de confiance en elle. « J’ai toujours dessiné, j’étais attirée par les sciences et l’art en général mais je doutais et n’étais jamais sûre de moi. J’ai effectué ma terminale avec le CNED mais sans passer le bac de peur d’échouer à l’oral. Le stress me donne des trous noirs, c’est la panique », confie-t-elle. Pourtant, une petite fenêtre lui permet de s’évader parfois ; au théâtre, Stéphanie oublie ses limites et réserves, ainsi que « le stress du travail, les migraines ». Elle change alors de peau et peut incarner sur scène des personnages frivoles, décomplexés et légers.

Logo guillemets e1643221283405

La révélation de la lumière

En 2023, Stéphanie Bidaud choisit de réaliser un bilan de compétences. « Je savais que je ne ferai pas d’administratif toute ma vie. J’ai appris beaucoup de choses très utiles en mairie mais je ne voulais pas y terminer ma carrière. Je voulais faire quelque chose que tout le monde ne savait pas faire. Ç’a été une révélation, j’ai découvert le métier de vitrailliste chez un professionnel lors d’un stage d’immersion. » Tout s’enchaîne rapidement ; elle commence une formation intensive à Limoges aux côtés de onze autres élèves, d’âges et de parcours panachés également. « Je faisais le trajet Badecon-Limoges et Limoges-Badecon quotidiennement. L’année n’a compté que deux semaines de vacances. » Pendant cette période très dense, Stéphanie jongle entre l’histoire de l’art, le dessin, les arts appliqués et les différentes missions de rénovation ou création de vitraux. Elle reconnaît qu’il s’agit là de bases qu’elle devra compléter par d’autres stages et beaucoup de pratique dans les prochaines années. Mais le savoir-faire est déjà là, qui ne demande qu’à s’affirmer, et ses suggestions sont souvent remarquées. « Pour intégrer la formation, il fallait proposer un projet. J’ai soumis l’idée de réaliser des vitraux dans l’église du Menoux répondant aux fresques de Carrasco. […] Pour le jumelage de lycées français et allemand, mon diptyque a été retenu ; le vitrail représentant un coq a été installé en Allemagne, celui représentant un aigle est resté en France. »

Si Stéphanie Bidaud est tant attirée par le vitrail, c’est sans doute parce qu’elle chérit la lumière. Cette lumière, on la retrouve aussi dans les toiles qu’elle peint depuis longtemps. Les jeux de couleurs, la transparence l’ont finalement sans cesse inspirée.

Logo guillemets e1643221283405

Un aller simple pour la liberté

Stéphanie Bidaud propose une gamme abordable de petits objets artisanaux ainsi que des œuvres sur commande. En binôme, elle accepte volontiers de s’attaquer à des rénovations, sans toutefois se lancer aveuglément dans des chantiers trop pointus. « Quand on ne sait pas, il faut s’abstenir pour ne pas gâcher le vitrail existant ! »

Pour elle, la question de la légitimité et les doutes subsistent, mais la vitrailliste ne semble plus leur laisser le champ libre pour façonner son avenir. Peu à peu, celle-ci s’affirme, expose son travail sur les marchés de la région et commence même à signer ses œuvres. Une chose est sûre cependant : le chemin de l’administratif est désormais derrière elle. « Si le vitrail ne me permet pas de vivre d’ici quelque temps, je ne suis pas fermée à l’idée de faire un travail alimentaire comme aide à domicile ou agent immobilier. Mais je ne pourrai pas revenir dans la fonction publique. »

Stéphanie Bidaud termine son tour d’atelier en nous montrant un petit vitrail inspiré de différents travaux de Léonard de Vinci. « Cette partie représente une cage. Il paraît qu’il achetait souvent des oiseaux pour les libérer ! » Une anecdote qui résonne particulièrement chez celle qui a longtemps cherché à s’affranchir et qui n’est pas près de renoncer à sa liberté.

Retrouvez Stéphanie Bidaud et L'Atelier Lum'In'Art ici

Cet article vous a plu ? Vous pouvez le partager !

Facebook
Twitter
LinkedIn
Telegram
Email

Découvrez d'autres articles...

Le média qui vous invite à causer, sans filtre.

S'inscrire à la newsletter