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NATHALIE RANJON
AU PAYS DES HARMONIES

Juste avant d’entrer dans le village de Saint-Sébastien, la bifurcation qui mène au lieu-dit La Goutte permet d’accéder aux trois hectares qui abritent la ferme de Nathalie Ranjon. C’est sur ce terrain que la formatrice, jardinière-paysagiste et permacultrice a établi son Jardin des harmonies, un lieu où tout se découvre et où tout se mange.

Berrichonne de souche issue d’une famille de paysans, Nathalie Ranjon a puisé dans la ferme où elle a grandi son goût pour la nature. « Ma vie tourne autour du végétal. Mon grand-père m’a transmis le début des connaissances au sujet du potager, et ma grand-mère celles des fleurs. À travers mon jardin, j’ai envie de transmettre ces valeurs que j’ai reçues », révèle-t-elle.

Une carrière de jardinière-paysagiste

Comme une évidence, Nathalie Ranjon a suivi un parcours scolaire en phase avec ses premières aspirations. Après son passage au lycée agricole de Châteauroux, celle-ci a intégré l’agrocampus des Fondettes, près de Tours afin de devenir paysagiste. Après l’obtention de son diplôme, Nathalie a alors mis sa force de travail à la disposition de pépinières et d’entreprises privées, puis des collectivités. « Je m’occupais du fleurissement et des espaces verts. C’était une belle expérience car j’ai vécu le début du « zéro pesticide », il fallait sensibiliser la population », se souvient-elle. Mais en 2013, un besoin de liberté se fait sentir et Nathalie Ranjon décide de se consacrer à son propre projet.

Arrivée en Creuse il y a dix ans, la paysagiste âgée aujourd’hui de 44 ans, a commencé par rénover sa ferme, seule et avec des amis, à l’aide de matériaux naturels et de techniques anciennes (chanvre, sol en terre crue). Depuis, deux activités rythment ses journées, l’une à l’extérieur, l’autre au sein de son jardin. Elle est, d’une part, intervenante au Centre national d’enseignement agricole par correspondance d’Argenton-sur-Creuse et à la Ferme de Sainte Marthe à Loire-Authion, mais elle est aussi formatrice auprès de particuliers qui souhaitent développer leur autonomie alimentaire et améliorer leur jardin, ou encore créer un espace de maraîchage bio dans le cadre d’une reconversion professionnelle.

Le Jardin des harmonies

En parallèle, et depuis six ans, Nathalie Ranjon façonne son harmonieux jardin au gré de ses inspirations mais surtout en fonction des besoins des essences présentes sur le terrain et des contraintes liées à un climat contrasté. Elle y accueille un public de particuliers pour « changer leur regard, leur permettre d’apprendre à connaître leur environnement ». La paysagiste a voulu un jardin beau et comestible ; les plantes aromatiques poussent aux côtés des fruits et légumes issus de graines et semences récoltées par elle-même ou qu’elle se procure auprès de la Ferme de Sainte Marthe. Au Jardin des harmonies, des variétés anciennes de tomates et de courges évoluent avec les poiriers, pommiers, actinidier, pacanier, arbousier mais aussi la menthe chocolat, l’onagre, la coriandre bolivienne, la valériane, la pimprenelle ou la sauge ananas. Les poules et oies de Nathalie sont également présentes sur le terrain, ainsi que deux ânes qui entretiennent le lieu.

Un réservoir de biodiversité

Nathalie Ranjon plante régulièrement de nouvelles variétés et recherche celles qui résistent à une importante amplitude thermique, aux gelées comme aux fortes chaleurs. La jardinière utilise un peu de corne broyée lors de la plantation ainsi que du paillage, mais exclut tout emploi de produits phytosanitaires. « L’idée, c’est de créer un réservoir de biodiversité avec plein d’oiseaux et d’insectes, une sorte de refuge », énonce-t-elle. La pédagogie est essentielle dans l’activité de Nathalie Ranjon, notamment pour tout ce qui touche à la gestion des herbes « indésirables » : « Elles sont un marqueur utile, elles amènent à se demander pour quelles raisons la plante pousse là, elles représentent des indices concernant la nature du sol. Par exemple, le plantain pousse dans les sols compacts. L’essentiel est de trouver un équilibre et d’apprendre à gérer la dominance de certaines plantes », explique-t-elle. Plus loin, elle ajoute encore : « Je pense que l’on a vu l’arrivée des produits phytosanitaires comme un miracle qui permettait de surmonter la perte de contrôle de l’humain sur la nature. Il faut accepter de lâcher prise là-dessus, et savoir que l’équilibre ne se trouve pas du jour au lendemain, qu’il faut du temps. » Pour étayer son idée, la jardinière évoque la présence récente d’une famille de hérissons dans son jardin, et l’amoindrissement de la population de limaces, deux événements qui sont sans doute liés mais qui se sont produits après plusieurs mois de patience. La faune abonde en effet au jardin et Nathalie y a recensé quantité de tritons, couleuvres, salamandres, crapauds et grenouilles.

Des projets pour l'avenir

Au printemps dernier, Nathalie Ranjon a développé la vente de plants, une activité qui a rencontré un certain succès. La paysagiste s’occupe également de la rénovation d’un bâtiment situé sur son terrain qu’elle compte transformer en gîte afin d’organiser des stages de longue durée pour permettre aux touristes de se reconnecter à l’environnement et de découvrir les sentiers de randonnées qui traversent les environs. Prochainement, elle souhaiterait accueillir sur ses terres des artisans locaux afin que ces derniers y exposent leurs créations.

Quant au souci de la transmission cher à Nathalie, il n’est pas près d’être délaissé ; à deux ans et demi, sa petite fille suit déjà ses pas à travers le jardin, à la recherche des feuilles et fleurs comestibles qui ornent ses moindres recoins. 


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