rencontre
Michel Flageul,
passion flippers
Les grands enfants ont désormais leur adresse fétiche à Argenton-sur-Creuse. Abritant auparavant la quincaillerie Girard, le 25 rue Auclert-Descottes est devenu une boutique éphémère que loue jusqu’à Pâques Michel Flageul. Originaire de Saint-Gaultier, ce touche-à-tout âgé de 56 ans chine et vend des flippers mécaniques et électriques aux amateurs.
Plus jeune, Michel Flageul n’était pas spécialement motivé par une quelconque vocation mais il pressentait que le mouvement et l’improvisation lui permettraient de s’épanouir : « J’ai passé un CAP comptabilité/informatique puis le bac, mais j’avais envie de bouger, je n’étais pas intéressé par la vie de bureau. Je n’avais pas de métier en vue mais j’ai toujours été dans l’esprit brocante. À 18 ans, je prenais l’estafette du père d’un copain et avec lui, on allait chiner régulièrement. »
Serveur au Pourquoi pas d’Argenton-sur-Creuse, réceptionniste à Romorantin, co-gérant d’un restaurant pendant dix ans à Chenonceau mais aussi gardien de camping et poissonnier, le brocanteur a presque essayé toutes les casquettes professionnelles sans que la chine ne le quitte d’une semelle. En parallèle de ses activités, il continuait d’écumer les vide-greniers le week-end.
Rincé par la restauration
Dans les années 2000, Michel Flageul, épuisé par son activité, revient dans la région et achète une maison à Vigoux : « Servir était un truc que j’adorais. Je voyageais sans bouger de mon hôtel. Il y avait beaucoup de touristes et d’échanges avec eux, ils me racontaient leur pays. Mais la restauration m’a vidé. Un rythme où on se lève à 5 h et où on se couche à minuit ou 1 h, c’est épuisant sur dix ans, d’autant que je n’ai pas fait de gros bénéfices. Après Chenonceau, je suis reparti sur la brocante et j’ai remonté mon stock petit à petit. »
Il achète ensuite un local situé rue Ledru-Rollin pour y disposer une partie de son attirail et recevoir le public. Ce premier point de rencontre lui apporte alors de la crédibilité et la confiance de ses clients. Malheureusement, le covid et les restrictions gouvernementales passent par là en 2020 et depuis cette période, la boutique qui avait brutalement fermé, n’a jamais rouvert.
Pop culture en pagaille
Michel Flageul y proposait un large panel de bibelots à ses clients, mais le mobilier ancien a fini par prendre trop de place dans ses différents entrepôts : « Les gens n’achètent plus de gros meubles, ils préfèrent s’approvisionner chez Ikea maintenant. Avant le covid, j’avais une clientèle anglaise et hollandaise qui meublait des gîtes ou des maisons secondaires, mais c’est presque fini aujourd’hui. »
L’antiquaire a depuis lors installé une dizaine de flippers datant des années 60 aux années 80 dans la boutique située au 25 rue Auclert-Descottes à Argenton-sur-Creuse. Pour déployer l’ambiance vintage qui lui est chère, le local est rempli, du sol au plafond, de curiosités en tous genres qui parlent aux nostalgiques ; Lego géant, Marge Simpson monumentale, miniature de la DeLorean de Retour vers le futur, distributeurs anciens de bonbons… Tout est là pour tenter les amateurs de pop culture.
Et d’ailleurs, comment Michel Flageul est-il passé de l’incontournable armoire normande aux flippers ? « Le début, c’était en 2018. J’ai acheté le premier à Noël pour mon plaisir. C’était une petite vengeance personnelle parce que, quand j’étais jeune, je n’avais pas les moyens d’y jouer. Je l’ai mis dans la boutique rue Ledru-Rollin pour m’occuper en attendant les clients et il est parti en quelques heures. J’en ai racheté un deuxième et il est parti tout aussi vite. J’ai compris qu’il y avait un intérêt pour cet objet », conclut-il.
Depuis, le brocanteur se déplace dans toute la France et épluche les annonces des particuliers pour trouver les perles rares. Les flippers dénichés sont ensuite révisés et réparés par un spécialiste castelroussin.
Retour vers le flipper
Supplantés peu à peu par le jeu vidéo à partir des années 80, les flippers ont presque complètement disparu des cafés. Seuls quelques établissements – cinémas, bars et bowlings des grandes villes – sont restés attachés à ces objets. Aujourd’hui, Michel Flageul avance que les nostalgiques sont nombreux à vouloir s’en procurer un pour replonger dans leur jeunesse : « Ceux qui avaient vingt ou trente ans dans les années 80 veulent jouer sur les modèles qu’ils connaissaient, ils y sont attachés. Il y a un retour au flipper, les prix flambent. Je les vends mais en loue aussi pour des anniversaires, des mariages, des départs en retraite. »
Après une première démonstration réussie il y a quelques semaines à Saint-Benoît-du-Sault, Michel Flageul reviendra dans la cité bénédictine le 21 janvier prochain. « Kathy Bouckaert avait fait appel à moi pour le marché de Noël en décembre dernier. J’avais apporté deux flippers dans la maison du père Noël, et les enfants râlaient parce qu’il y a joué toute la journée ! », s’amuse-t-il. Le temps d’un après-midi, un concours de flippers permettra de ressusciter l’ambiance des années 80 dans l’ancien salon de thé de Kathy Bouckaert qui rouvrira pour l’occasion.
Sous peu, le chineur compte rapatrier ses billards électriques dans son local rue Ledru-Rollin et y créer une salle de jeux, de quoi ajouter un peu de convivialité au cœur d’Argenton. ■
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